Extrait de L'Hiver de force, Éditions Gallimard, 1973,p. 151
"On sent qu'on va se sentir mieux quand on sentira bon. Frotte-moi fort, que ça parte en lambeaux, comme une mue. La peau de mon dos dort; frotte, frotte-la-moi bien fort. Cours chercher les ciseaux puis coupe mes cheveux. Ras! Comme un soldat qui a de l'estomac puis qui se dégonfle pas! Donne ton sein, agnus dei pour planter mes poignards, pour éclater mes obus, pour que ma bouche pourrie morde et loge son venin, pour emmitoufler mon cri, l'endormir, le faire rêver. Mange mon nez, mange mes pieds, vorace-moi toute; que tes dents crèvent les ampoules qui soulèvent ma peau, que tu lèches les gousses éclatées de tout ce mal. L'extrémité des caresses, c'est la mort; arrêtons-nous en pleine rage, au coeur du geste. Mourir, il ne faut pas être bien intelligent pour se donner la peine de faire ça, car c'est sans conséquences. Le propre de ta mort, c'est de ne rien te faire."
Commentaires :
Audreyelise
La beauté au travers du laid