«Pour les générations qui suivent, la servitude devient un état de fait, l'esclavage devient la norme, la forme même de la vie. Le tyran règne sans partage. On n'arrive même plus à imaginer la liberté. Ça devient un concept abstrait, irréel. Un rêve impossible.
La liberté est devenue pour nous une marque de yogourt, ou une marque de jeans. La révolte, une marque de chemise. La résistance, un composé des systèmes électriques. La révolution, une nouvelles façon de couper son gazon ou d'ouvrir sa porte de garage.
Des sous-boss bilingues et biculturels ont réduit la lutte de libération national à une lutte constitutionnelle. Des petits avocats de province à l'esprit ratatiné ont transformé une lutte pour la liberté en articles juridiques sur un torchon appelé constitution. Tout ce que le Québec contient comme vendus et comme crosseurs nous a présenté l'inclusion des deux mots société distincte sur un bout de papier comme une immense victoire. Deux mots insignifiants. Trente ans de luttes pour deux mots. Pas un peuple. Pas une nation. Même pas une tribu. Même pas une gang. Même pas une bande.»
FALARDEAU, Pierre. La liberté n'est pas une marque de yogourt, Éditions Stanké, 2000, 238 p.